mardi 24 octobre 2017

La campagne de France de Napoléon en 1814 : coups de maître et coups manqués [schémas]

 Carte générale de la campagne (http://www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/page/4744)

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Chronologie :

Victoire de Brienne : 29 janvier 1814
Défaite de la Rothière : 1er février 1814
Victoire de Champaubert : 10 février 1814
Victoire de Montmirail : 11 février 1814
Victoire de Château-Thierry : 12 février 1814
Victoire de Vauchamps : 14 février 1814
Victoire de Nangis : 
Victoire de Mormant : 17 février 1814
Victoire de Montereau : 18 février 1814
Victoire de Lizy-sur-Ourcq : 1er mars 1814
Capitulation de Soissons : 3 mars 1814
Victoire "à la Pyrrhus" de Craonne : 7 mars 1814
Défaite de Laon : 9 et 10 mars 1814
Défaite d'Arcis-sur-Aube : 20-21 mars 1814.

I° Qu'est-ce qu'une manœuvre sur position centrale ? une manœuvre sur les arrières ?

Lors d'une manœuvre sur position centrale, Napoléon laisse devant chaque force adverse un corps capable de le retarder, tandis que successivement, il frappe les deux armées ennemies avec sa masse de manœuvre. Tout est fait pour que les deux forces adverses ne se réunissent jamais. 
Lors d'une manœuvre sur les arrières, l'empereur exécute une marche forcée pour prendre à revers l'ennemi, l'empêcher de s'enfuir et surtout le priver de son ravitaillement.Enfin, l'effet sur le moral adverse est radical.

II° Les coups de maître :

La superbe manœuvre sur position centrale de février 1814 (notez l'utilisation judicieuse des fleuves par Napoléon pour ralentir ses ennemis)

Blücher, qui a pris le risque de bien étaler son armée, en paie vite le prix : par la victoire de Champaubert, l'empereur divise son armée en deux.

Napoléon fait preuve ici de beaucoup de finesse : pendant qu'il attaque Yorck et Sacken, il laisse Marmont face à Blücher, tandis qu'Oudinot et Victor retardent toujours Schwarzenberg.

III° Les coups manqués :


Brienne est bien un coup manqué, car d'une part la bataille ne fut rude, d'autre part, Blücher lui-même évite la capture et il arrive quand même à faire sa jonction avec Schwarzenberg (défaite de la Rothière).
Napoléon a accusé son général Victor d'avoir été trop "mou" et de l'avoir empêché de coincer le corps de Bianchi. Henry Houssaye trouve cette critique à moitié justifiée.

Napoléon aurait pu tomber sur les arrières de Blücher si ce dernier n'avait pas détruit les ponts de la Ferté-sous-Jouarre. L'empereur aurait dit : "Si j'avais eu un équipage de ponts, l'armée de Blücher aurait été perdue".

Napoléon s’apprêtait à acculer Blücher sur l'Aisne pour le battre dans une bataille favorable aux français, puisque les prussiens étaient fatigués, guère plus nombreux que les grognards et surtout très démoralisés. Mais la capitulation imprévue  de Moreau et de la garnison de Soissons a tout changé : Blücher a pu fuir facilement par cette issue.
La manœuvre de Craonne était audacieuse, mais elle déboucha sur une bataille sanglante, où les français durent affronter un ennemi très bien retranché sur un plateau escarpé.

CONCLUSION :

On le voit, Napoléon fait toujours attention à laisser devant chaque corps ennemi une force capable de le retarder, le temps qu'il frappe "là où ça fait mal" avec sa masse centrale (environ 35 000 pour cette campagne, dont la Garde Impériale). C'est ce que l'on appelle une manœuvre sur position centrale, ici par "attente stratégique" puisque l'empereur est sur la défensive. Napoléon adore un autre mouvement : la manœuvre sur les arrières ou sur les derrières (voir les schémas de Brienne, de Montereau, de l'Ourcq, de Craonne). Celle-ci lui permet de briser le moral adverse, voire de s'emparer de son ravitaillement, de ses munitions, de le priver de son hôpital de campagne. Cette manœuvre permet à l'empereur de faire reculer la force ennemie alors qu'il a pourtant peu d'hommes à sa disposition. Néanmoins, on voit que beaucoup de ses manœuvres sur les arrières sont inabouties et non-décisives (exemple : celle sur l'Ourcq). 
    Napoléon doit tenir compte des erreurs faites par ses généraux, comme celle de Moreau d'avoir livrer la place de Soissons à Winzingerode, ce qui permet à Blücher de s'enfuir facilement. Cependant, il bénéficie aussi des fautes commises par le général prussien et par Schwarzenberg, à commencer par celle d'avoir séparé leurs deux armées et, en février, de les avoir beaucoup étalées (juste avant Champaubert, l'armée de Blücher est dispersée sur une longue colonne de 60 km !). 
    Cette campagne militaire est belle à étudier, néanmoins, il faut bien avouer qu'au niveau stratégique Napoléon n'avait aucune chance tant la disproportion des forces était colossale. Si on tient compte les soldats alliés placés en réserve en Allemagne, les français se battent minimum à un contre six ! D'une certaine manière, la campagne de France est baroud d'honneur désespéré et...inutile.



SOURCES :

HOUSSAYE Henry, 1814, Perrin et Cie, Paris, 1888  (disponible ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514986j)
HOURTOULLE FG, 1814. La campagne de France, Histoire & Collections, Paris, 2006.
CAMON Hubert, La Guerre napoléonienne,. Les systèmes d'opérations. Théorie et technique, Bibliothèque stratégique, Economica, Paris, 1997.
BOUDON Jean-Olivier, Napoléon et la campagne de France 1814, Armand Colin, Paris, 2014.

http://bezusaintgermain.blogspot.fr/p/campagne-de-france-1814-la-bataille-de.html
http://histoiredelafrance.e-monsite.com/pages/content/campagne-de-france.html
http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1er/France1814_01.html


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